La quête de nouvelles plantes toujours d’actualité
Publié par Bourgogne-Franche-Comté Nature, le 9 octobre 2024 89
La biodiversité floristique de la région donne encore lieu à de stimulantes (re)découvertes.
Les découvertes floristiques sont-elles fréquentes ?
Au sens strict, les découvertes sont assez occasionnelles. Il n’y en a que quelques-unes par an et il s’agit souvent d’espèces exotiques dont l’aire de répartition évolue. Des espèces autochtones peuvent aussi être en expansion, comme l’Orchis géant, orchidée du bassin méditerranéen et de la vallée du Rhône vue pour la première fois en 2018, qui remonte actuellement le long de la Saône. Par ailleurs, certaines espèces difficiles à déterminer peuvent longtemps avoir été confondues avec d’autres. C’est probablement ce qui est arrivé pour la rare Vigne sauvage, qui ressemble à une vigne cultivée, dernièrement découverte en Côte d’Or et dont l’identification a été confirmée par des analyses génétiques.
Y a-t-il aussi des redécouvertes ?
Oui, nous sommes parfois face à des espèces observées par le passé, mais qui n’avaient plus été rencontrées depuis des années, voire des siècles. Ainsi, le Muscari botryoïde faisait l’objet d’une donnée historique datant du 19e siècle à Marcigny, dans le sud de la Saône-et-Loire, sans jamais avoir été inventorié entre-temps. Ce n’est que récemment qu’il a été revu dans la même localité. Cela traduit une pression d’échantillonnage insuffisante sur le territoire. Au début des années 2000, lors de l’élaboration de l’atlas de la flore de Bourgogne, une pression d’observation importante sur l’ensemble de la région a justement offert une bonne vision de l’état de la flore.
Comment expliquer que des plantes soient tombées dans l’oubli ?
Certaines de petites tailles passent inaperçues. D’autres ont une période de floraison courte, ce qui réduit les chances de les remarquer. Il nous faudrait étoffer notre réseau de bénévoles pour que des observations puissent être menées partout en toute saison. Depuis 2023, chacun peut à cette fin saisir ses données en ligne sur la plateforme lobelia-cbn.fr. Parfois, des banques de graines ont aussi pu rester des années en dormance dans le sol, jusqu’à ce que des conditions favorables permettent la réapparition de la plante. L’Orchis des marais, une orchidée en régression en France, est réapparu suite à des opérations de restauration dans la vallée de la Druyes, sur un site géré par la Fédération départementale des chasseurs de l’Yonne.
Luc BERROD, Botaniste à l’antenne Bourgogne du Conservatoire botanique national du Bassin parisien
Des botanistes professionnels issus de structures telles que les Conservatoires botaniques, l’ONF, ou encore les Conservatoires d’espaces naturels peuvent être à l’origine des découvertes dans le cadre de leurs inventaires et programmes d’études, mais les auteurs sont aussi des observateurs bénévoles au savoir parfois très pointu. Ces découvertes sont souvent d’envergure départementale ou régionale, exceptionnellement nationale. Pour aller plus loin, il pourrait également être intéressant de considérer des découvertes par régions naturelles, dans une logique non pas administrative mais de milieux. Pour les groupes d’identification délicate, le prélèvement d’individus est conseillé pour garder une trace de l’observation et faire des études génétiques si besoin. Les prélèvements sont stockés à l’herbier du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.