Vespula germanica ou vulgaris, mais quelle est cette guêpe dans mon assiette ?

Publié par Bourgogne-Franche-Comté Nature, le 17 mars 2023   1.4k

Dès les premiers jours d’été et jusque tard dans l’automne, les guêpes s’invitent à nos repas en extérieur. Ce désarroi passager offre une bonne occasion de développer notre regard naturaliste.

Les guêpes qui viennent rôder autour de nos assiettes sont-elles toujours de la même espèce ?

Il peut s’agir de 2 espèces distinctes : la guêpe germanique (Vespula germanica) ou la guêpe commune (Vespula vulgaris). Elles font partie des 24 espèces sociales sur le millier d’espèces de guêpes majoritairement solitaires que l’on rencontre en France (sphex, bembex, ammophiles, pompiles, odynères et eumènes). Leurs nids sont les plus populeux : à la belle saison, ils sont habités par une reine et plusieurs milliers d’individus, les ouvrières. Ils sont toujours implantés à l’abri de la pluie sous un toit, dans un grenier, un arbre creux, dans le sol... Ce sont les ouvrières d’extérieur qui cherchent la nourriture pour les larves, carnivores. Pour leur propre alimentation, les adultes s’intéressent aux nectars et autres liquides sucrés (fruits, boissons, fleurs).

Comment distinguer ces espèces ?

D’abord, il faut s’assurer que l’on a bien affaire à une guêpe « vespide », car de nombreux insectes leurs ressemblent. Jaune et noire, une guêpe a toujours les ailes repliées dans le sens de la longueur au repos, ce qui leur donne un aspect étroit. Ensuite, l’identification de l’espèce n’est pas facile. Elle requiert idéalement l’utilisation d’une loupe, outil que l’on n’a pas toujours à portée de main. Les guêpes étant très mobiles et pouvant piquer, mieux vaut se montrer prudent. Le plus simple est de prendre l’insecte en photo, ou à défaut de l’observer calmement quand il récolte de la nourriture. L’un des critères principaux est la coloration de la face au-dessus des deux mandibules, le « clypéus ». Dans la plupart des cas, la guêpe germanique porte un à trois petits points noirs sur fond jaune, alors que la guêpe commune a un dessin noir vertical en forme d’ancre. De plus, l’abdomen de la guêpe germanique apparaît généralement très jaune alors que la guêpe commune a des dessins noirs plus développés.

Faut-il s’inquiéter de leur venue lors des repas ?

À l’inverse de l’abeille domestique dont le dard doté de barbelures reste dans l’épiderme ce qui est fatal à l’insecte, les guêpes ne meurent pas après avoir piqué. Leur aiguillon lisse ressort intact et elles peuvent injecter du venin à plusieurs reprises. Cependant, elles ne sont pas du tout agressives et attaquent surtout lorsqu’elles se sentent agressées. Les piqûres sont plutôt le fruit d’accidents. Il s’agit donc de garder son sang-froid, ou de savoir se rabattre à l’intérieur. Si on laisse une guêpe emporter un bout de viande, elle ne communiquera pas aux autres le lieu où elle l’a trouvé, contrairement aux abeilles, mais elle pourra elle-même faire des allers-retours. En revanche, les guêpes étant attirées par les odeurs, si le vent souffle en direction de leur nid, plusieurs individus risquent de trouver le chemin de votre assiette.


Le mot des experts

Jean-Yves CRETIN et Jérôme CARMINATI, Naturalistes administrateurs de l’Office pour les insectes et leur environnement de Franche-Comté

Comment se portent la guêpe germanique et la guêpe commune ?

Les deux espèces vont bien. Leurs nids à plusieurs étages sont protégés par une enveloppe fabriquée à partir de fibres végétales malaxées avec de la salive et appliquées en fines couches. Cela leur a valu le surnom de « guêpes papetières » et explique pourquoi nous croisons aussi des ouvrières semblant se nourrir sur du bois : elles prélèvent en fait les fibres en surface avec leurs mandibules en vue de la construction du nid. Cette particularité structurelle des nids rend les colonies moins sensibles aux aléas tels que les pluies ou les fortes chaleurs. Si certaines espèces de guêpes, en particulier les montagnardes, sont menacées par le changement climatique, cela ne semble pas être leur cas.


Pour en savoir plus

Retrouvez un article complet illustré de photos sur les guêpes qui fréquentent nos assiettes dans le n° 34 de la revue BFC NATURE.


Crédit illustration © Daniel ALEXANDRE