L’agroécologie, une urgence pour nos campagnes
Publié par Bourgogne-Franche-Comté Nature, le 28 septembre 2023 1k
De nouvelles formes de production agricoles doivent trouver leur place en conjuguant intensification et services environnementaux.
Qu’est-ce que l’agroécologie ?
L’agroécologie est la science qui étudie les processus écologiques dans les pratiques agricoles. Elle valorise les interventions s’appuyant sur ces processus, en prenant en compte le milieu. Le terme désigne aussi les pratiques agricoles qui en découlent. Comme le souligne le ministère chargé de l’agriculture, l’agroécologie « allie les dimensions écologiques, économiques et sociales et vise à mieux tirer parti des interactions entre végétaux, humains et environnement ». En France, l’agroécologie est promue depuis 2014 par la loi d’avenir pour l’agriculture et la forêt. Celle-ci a créé le principe de Groupement d’Intérêt Économique et Environnemental (GIEE), un type de démarche par ailleurs introduit dans l’enseignement agricole. Les GIEE permettent à des agriculteurs de se regrouper pour faciliter la mise en place de pratiques agroécologiques, en bénéficiant d’un encadrement technique et d’aides financières.
Quel lien y a-t-il entre agriculture et paysage ?
Dans notre région, le fait que les paysans façonnent le paysage est particulièrement visible. La politique agricole d’après-guerre, avec entre autres les lois d’orientations agricoles de 1960 et 1962, a profondément influencé l’évolution des paysages. Pour répondre à un souhait de rationalisation des parcelles au profit du travail des machines, les arbres et haies hautes se sont drastiquement raréfiés. Les orientations de la Politique Agricole Commune européennes de 2023 mettent davantage l’accent sur l’agroécologie et l’agroforesterie. Remettre en état nos haies, faire coexister arbres, cultures et élevages, est remis au goût du jour. En Bourgogne, cela pourrait nous amener à retrouver un vrai bocage, où les haies ne seraient pas rabotées chaque année à l’épareuse. Des expérimentations réalisées par des agriculteurs avec l’appui de chercheurs de l’INRAE* et du CNRS* ont démontré l’intérêt agronomique des haies, avec des rendements supérieurs en grandes cultures.
Qu’en est-il au niveau du Parc naturel régional du Morvan ?
Le paysage a été choisi comme fil rouge dans le cadre du renouvellement de la charte du Parc. En 2023, un numéro de ses Cahiers scientifiques a également mis à l’honneur cette thématique. Le 16 mai dernier, un collectif de conseillers scientifiques de parcs naturels régionaux, dont le PNR du Morvan, et de chercheurs, a publié une tribune dans Le Monde intitulé : « L’agroécologie n’est plus une option, mais une urgence ». Le Parc encourage la diversification, incontournable pour l’agroécologie. La production de broutards à l’herbe devrait faciliter l’évolution des pratiques. L’élevage de porcs en plein air, la fabrication de fromages, la culture de la vigne et du châtaignier, ouvrent les horizons.
Le mot de l’expert
Si tous les consommateurs n’achetaient que des produits issus de l’agriculture biologique, label sous lequel produisent une partie des agriculteurs pratiquant l’agroécologie, alors la révolution agricole aurait déjà eu lieu. Or on assiste à une désaffection pour le biologique dès que survient une hausse des prix. Étant donné l’urgence, c’est l’inverse qui devrait avoir lieu. Nous devons soutenir nos agriculteurs pour permettre le changement. Mais face à un système qui, pendant plus d’un demi-siècle, a paru réussir, malgré les revers et l’impasse actuelle, le bouleversement nécessaire n’a pas lieu. Avec toute l’importance que cela revêt du point de vue de la souveraineté alimentaire, il faut prendre conscience que produire et préserver n’est pas antinomique, mais complémentaire.
Pour en savoir plus
Consultez le n° 14 des Cahiers scientifiques du Parc naturel régional du Morvan, Paysages du Morvan, un engagement pour le Parc !
Mini-glossaire
CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique.
INRAE : l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’alimentation et l’Environnement.
Crédit illustration : Daniel Alexandre