Au 1^er étage du musée, la galerie paléontologique héberge des objets vieux de plus de 200 millions d’années… mais s’avère être un lieu plein de vie.

Dans quelle histoire s’inscrit le Musée de Semur-en-Auxois ?

Il se trouve dans un énorme bâtiment religieux qui a d’abord accueilli des Jacobines, du 17^e siècle à la Révolution. En 1833, la Ville a décidé d’ouvrir une école de dessin qui a pris place dans cet ancien couvent. Pour fournir des modèles aux élèves, des moulages architecturaux ont été commandés par la municipalité. Parallèlement, des peintres locaux ont fait don de tableaux de leur vivant. C’est ainsi qu’ont commencé à se former les collections du musée, mises à disposition tant des élèves que du public. D’autres branches sont progressivement apparues : archéologie, zoologie, paléontologie… Aujourd’hui, l’établissement abrite une diversité de trésors allant des tableaux de Jean-Baptiste Camille Corot aux œuvres médiévales provenant de la collégiale de Semur, en passant par les fossiles du Sinémurien.

Qu’est-ce que le Sinémurien ?

C’est un étage géologique des premiers temps du Jurassique*. Cette couche géologique renferme des fossiles d’êtres qui vivaient il y a environ 199 à 190 millions d’années. Le nom provient de Sinemurium, qui désignait autrefois Semur-en-Auxois. C’est à l’ouest de la ville que se situent les coupes géologiques de référence qui ont servi à décrire cet étage. Celles-ci ont dévoilé une faune marine riche et diversifiée avec pas moins d’une cinquantaine d’espèces d’ammonites. Ces mollusques disparus sont particulièrement représentés dans la collection paléontologique du musée.

Qu’est-ce qui rend cette section paléontologique si atypique ?

Renommée dès ses débuts, elle a été créée sous l’impulsion de trois membres de la Société des sciences de Semur-en-Auxois, MM. Collenot, Bréon et Bochard, qui ont collecté au 19^e siècle de nombreux échantillons dans l’Auxois. Conformément à la volonté des donateurs, une galerie entière lui est dédiée. Les visiteurs peuvent encore la découvrir telle qu’elle était à l’époque. Vitrines en verre soufflé peintes en gris, étiquettes manuscrites, tout est d’origine. L’intégralité de la collection de fossiles y est exposée à la mode Daubenton, les 13 000 items de toute taille placés les uns à côté des autres. Si beaucoup visitent cette galerie à titre purement esthétique, elle intéresse également les scientifiques. En étudiant les différentes ammonites, ils affinent leurs hypothèses sur leur évolution. Les spécimens, qui ont tous été scannés, sont désormais aussi consultables sur la base de données e-ReColNat*.

Mini-glossaire

Jurassique : ère géologique s’étendant de -201 millions à -145 millions d’années, qui doit son nom au Jura.

ReColNat : réseau national des collections naturalistes piloté par le Muséum national d’histoire naturelle, qui donne accès à un grand nombre de collections françaises.

Jeanne DEVOGE, Chargée de programmation culturelle au Musée de Semur-en-Auxois

La galerie paléontologique est régulièrement visitée dans le cadre scolaire, de la maternelle au lycée. On ne connaît les ammonites qu’à travers leur coquille, mais on ignore quel était l’aspect global de ces animaux éteints. Il est passionnant d’inviter à l’observation de ces coquilles variées, certaines striées, d’autres lisses… et de faire parler l’imagination pour inventer à quoi pouvaient ressembler leurs occupants. En septembre 2025, débutera une exposition de l’artiste Laure MOLINA, qui a travaillé à partir d’une sélection d’ammonites pour entrer en dialogue avec elles. Ses 28 dessins mettent en valeur leur individualité propre. Des réflexions sont en cours pour rénover cette galerie tout en restant le plus fidèle possible à la muséographie du 19^e siècle, et en répondant aux impératifs de conservation et de sécurité. De nouveaux supports de médiation sont aussi en projet.